jeudi 30 juillet 2009

l'art inachevé

l'art inachevé, c'est-à-dire qui n'est pas arrivé "à bout", "à bout" de soi, "à bout" de ses intentions, à "bout" de ses obsessions et des obscurités nichées dans chaque silence.

il me semble qu'il est bien plus difficile de sentir où s'arrêter que d'aller plus loin, plus en avant, plus "à bout", plus abouti.

aussi épurer, "rendre meilleur" moralement, plus "pur" par le "dépouillement", est la chose la moins aisée, la chose qui devient la moins facile, la plus ardue, la plus haute, élevée, abrupte, difficile...au fur et à mesure du temps.

rendre plus pur, c'est-à-dire "éliminer les éléments étrangers, dégager, débarrasser quelque chose des impuretés", quel exploit, mais non pas un exploit, surtout pas, l'exploit du latin explicitum, du supin de explicare "accomplir"!

restons "humbles", près de la terre, près du silence.

une question : qu'est-ce qui est étranger à un art inachevé...?
il y a des ronds

et de la lumière

toute crue

toute cassante

c'est un été dur

sur une pierre

de paons

mardi 28 juillet 2009

des sifflets chalumeaux

ces machines de bruit

qui ouvrent le bitume

comme un tiret de rouge

éventreur de nuits

ces machines qui rêvent

chevauchées d'un casque

d'un ennui de cosaque

qui cherche à en découdre

des kilomètres d'incertitudes
c'est beau

simple et fragile

ce souvenir

qui grimpe

de partout
ne mesurant l'oubli

que sous un soleil forcené

j'avouais à quelques lieux

seulement

l'insolence du vivre
phoenix

l'ombre des ombres

le sanctuaire des sanctuaires

la vie l'orgueil insensé

phoenix

un royaume de feu

cratère de toutes les voix

lundi 27 juillet 2009

ce sont des yeux dans la tête

ses mains qui nouent le cœur

ce sont rames et océans

multiples levées

d'une eau glaciale d'errances
baigné dans la route de sel

le sol mouillé de cercles

ce désert jaune virevolte

comme une flamme enfermée

vue de très haut

dans un ciel ovale
une rouvraie décore la lumière

sans introduction

aveulissement

un blâme sur la bassesse

celle de ne sentir davantage

de cette fureur centenaire et solide

de cette rouvraie d'un soir écarlate

samedi 25 juillet 2009

esseulée au féminin

de fleur à pétale

ouverte et close

noircie de volets

de pétale à solanacée

couverte d'ecchymoses

du dedans au dehors

esseulée au féminin

comme une pluie d'orage

vendredi 24 juillet 2009

l'eau dévoie le ciel

troublante et blanche

elle sème la pierre

dans un épais bleuissement

et n'imagine rien

de tout ce qu'elle représente

et délaie de plus belle

notre cœur et notre sens

jeudi 23 juillet 2009

silence

chose composée de murs

d'enceintes de murs

d'enfermement

silence

comme un mot

froissé dans une feuille

de papier dans la main

silence

qui ne se partage pas

ne se communique pas

comme un mot

qui attend de l'autre

un écho sans espoir

dimanche 19 juillet 2009

je voudrais pouvoir me battre

égorger à mains nues

la terre l'herbe et le tronc

solide et brutal

l'arbre des lois

qui surplombe

qui étaie l'empire de mes yeux

soutenir la grandeur des cimes

soutenir le regard infernal

sauvez-moi

je voudrais pouvoir me battre

et lutter dans ce désespoir

dans la vie même

qui assaille chaque brique

chaque fondation

qui exhume chaque sentiment

et lutter dans ce désespoir

d'être un violon de veines

de sang et de finitude infernale
qui es-tu contre le mur

le béton froid et si bleu

qui crois-tu paraître

dans le tain de la surface

à happer l'air

espadon du ciel

poisson volant

sans ailes

et plein d'écailles

d'argent d'argent

d'argent encore
obsession dans le cuir

ténue et arithmétique

obédience claire et diffuse

l'ouverture

la mer
c'est loi intérieure

cri de délivrance

déchirement

certitude

appel

c'est loi intérieure

envahissement

c'est écrire peindre

pleurer tout à la fois

c'est loi intérieure

exaltation

soupir

décadence et l'envol

c'est loi intérieure

qui ne répond à nulle autre

être artiste dans le monde
les voiles sont amères

sifflent et furtives

amènent leurs relents

à gonfler l'orgueil de la proue

mercredi 15 juillet 2009

né de la lave et de l'ombre sans soleil

sous un plancher craquant et lourd

un joyau de rouges comme un œil

de fissions ininterrompues
la chair est tordue de sillons

de crevasses infimes et immenses

c'est un tout autre pays une pensée étrange

qui s'allume soudain sous un projecteur

la chair est tordue de sillons

où l'eau résonne de cris et de pleurs
en ballottant en tous sens les mains

pupilles vagabondes en ballottant au hasard

de la vie des rues des entrelacements

en tous sens comme une pieuvre mentale

pupilles éclatées comme un amas de galaxies

dimanche 12 juillet 2009

je ne crois pas aux anges

mais aux feuilles qui tombent

naturellement et sans faillir

d'un arbre mort

je ne crois pas aux anges

mais aux poètes qui font d'un lac

un pont de perles d'eau verte

entre nous tous
debout

creusant arc ce corps

et d'une âme flèche

debout

sur l'horizon

pierre cracheuse

d'étincelles
tout a changé

la lumière

le mouvement

on ne triche plus

le vent tourne

la maison natale

les lieux marqués

tout a changé

à genoux

à terre

prière soulevée

chargée de sable

à genoux

à terre

l'homme voit

de derrière ses larmes

jeudi 9 juillet 2009

si loin

tous ces nuages de sable

en vagues en rouleaux

si loin

j'en rêve

cohortes fumeuses

de ces cilices du ciel

qui deviennent haillons

dans l'air irrespirable

d'une tête attachée

à la roche

mardi 7 juillet 2009

évoquer un mot

murmure

passage

et prononcer au ralenti

toute l'importance

de nos saisons passées

à deux
c'est comme défait du monde

que ce fil s'effiloche

en veines vibrantes

heureuses et tristes

c'est comme défait du monde

que tu trembles en lisant

chacun de tes gestes

lundi 6 juillet 2009

"cri", acrylique 30cmx30cm, toile lin

"fontaine", acrylique 30cmx30cm, toile lin

"comète", acrylique 55cmx46cm, toile coton

"tour", acrylique 40cmx40cm, toile coton

"chair", acrylique 46cmx38cm, toile coton

un chantier sur le tard du jour

dans l'affaissement des contrastes

une montagne de gravats

qui surplombe le trou de ciel

là où mon chantier commence
le bois que je touche

dans la vieillesse de mes mains

le goudron des villes

et jaunes lumières

la réalité de par l'intérieur

d'un bleu ondulant